Le monument de Chanforan (photo du haut)
La Bible financée par les Vaudois (photo du bas)
Au début du XVIe siècle, la Réforme éclate en Europe.
Les écrits de Luther et des autres réformateurs ne laissent pas indifférents les « pauvres de Lyon ».
Au XVe siècle déjà les vaudois du Brandebourg avaient rejoint les « Frères de Bohême » héritiers du mouvement hussite. Les réformateurs voient en eux les précurseurs de leur réforme: à Worms, au pied du monument élevé au XIXesiècle à la mémoire de Luther figurent le français Vaudès, l’anglais Wyclif, le tchèque Hus et l’italien Savonarole.
On constate que les régions où les vaudois étaient implantés ont le plus facilement accueilli la Réforme.
En 1530, l’assemblée annuelle des vaudois, réunie à Mérindol, décida l’envoi de deux émissaires, Georges Morel et Pierre Masson auprès d’Oecolampade et de Bucer, réformateurs de Bâle et de Strasbourg. Pierre Masson fut arrêté sur le chemin du retour, mais Georges Morel a pu faire un rapport de cette rencontre (conservé à la bibliothèque du Trinity Collège de Dublin) qui favorisa le passage des vaudois à la Réforme.
En septembre 1532 eut lieu une réunion des barbes au lieu dit de Chanforan, dans le val d’Angrogne, en Piémont.
Au cours de cette assemblée mémorable, les barbes et autres responsables vaudois ont invité des représentants de la Réforme, dont Guillaume Farel. Le réformateur de Neuchâtel (en Suisse), originaire de Gap était lui-même de famille vaudoise et ami de Calvin.
Après un long débat, les délégués des Alpes, de Calabre, des Pouilles et de Provence, ont décidé d’adhérer au mouvement réformé et d’en accepter les thèses.
Malgré le refus d’une minorité attachée aux pratiques vaudoises traditionnelles, la plupart des groupes vaudois ont accepté ce ralliement : les régions habitées par les vaudois devinrent des centres de développement de la Réforme.
En quelques dizaines d’années, les Vaudois sortirent de la clandestinité pour constituer des Églises protestantes établies, des « Églises dressées ».
Si le modèle calviniste l’emporta, c’est qu’une majorité de barbes pensèrent que l’avenir de leur communauté se trouvait dans le mouvement réformateur francophone tel qu’il s’était établi à Genève.
Ce fut une mutation théologique et culturelle considérable accompagnée de la lecture de la Bible en français, de la construction de temples et de l’installation de pasteurs, souvent formés par Calvin.
La Réforme a trouvé dans le mouvement vaudois une fidélité aux valeurs apostoliques et dans les pauvres de Lyon des précurseurs.
Enfin, avec les consistoires et autres conseils des « anciens », s’est imposé
un modèle de structure d’église reposant sur l’engagement des laïcs.
L’idéal vaudois n’a pas disparu pour autant car les communautés protestantes issues du mouvement vaudois ont gardé jusqu’à nos jours leur appellation première en Italie et en Amérique du Sud.